Spiraloïde est ma pensée,
Tend sur le vide un fil léger
Sans nul espoir qu'un jour s'y prenne
Pour la logeuse arachnéenne
Autre proie qu'elle-même.
Au centre de sa toile
- Centre de l'univers -
Plagieuse d'étoiles
Et la tête à l'envers:
Vertige circulaire,
Tempête courant d'air,
Son cerveau trop étroit
Ne sait pas qu'il suffit
De se mettre à l'endroit
Pour chasser ces ennuis...
( vers 1965)
photo trouvée ici
Renvoie déformées à peine
Toutes les choses qui passent
Et leurs ombres incertaines.
Le vent lui porte une feuille,
Elle la berce un instant,
Une fleur qu'elle recueille
Rejoint la fleur en glissant.
La fleur et la feuille
Dansent sur l'étang.
Crois-tu qu'elles veuillent
Y jouer longtemps?
Et l'eau qui les porte
posent sur la mousse
Fleur et feuille morte.
Sur l'eau calme passent
Des ombres sans bruit,
L'arbre y met la trace
Presque de son fruit,
Mais le vent l'efface
En courant sur lui
Et plus rien ne passe,
Seule y est la nuit.
(vers 1970)
1. barba le 26-08-2013 à 09:17:28 (site)
très jolis frémissements, bravo......à mon tour j'ai pu me balader grâce à vos mots
2. chandy le 01-12-2013 à 15:54:36 (site)
Heureuse d'avoir fait une petite halte sur les mots de la poétesse dont je découvre le grand talent... des écrits magnifiques que le temps ne peut effacer !
Bises LEA
Chandy
Clop, potoclop,
Un cheval trotte
Va-t-il sous la fenêtre
M'apparaître?
Las non,
Il part encore plus loin,
Et je n'entends déjà plus rien.
(vers 1970)
à ma mère
Fleurit tous les printemps
Pour ton anniversaire.
Peut-être qu'un lutin
Le fait refleurir tous les ans
Feu d'artifice et de lumière.
C'est le cheval de mon enfance...
Une grosse branche: la tête ;
L'autre plus mince était la queue,
Je m'accrochais entre les deux.
Preux chevalier j'allais en quête
De quelque chose d'inconnu;
J'étais l'indien dont la vaillance
Fait la fierté de sa tribu.
C'était un cheval enchanté
Prenant une robe nouvelle
A chaque nouvelle saison.
Au printemps il était tout blanc,
Cheval de bronze dans l'été,
L'automne il était isabelle
Pour se muer en alezan.
Quand l'hiver venait sans façon
Le dépouiller de tout son or
Sa robe noire avait encore
L'éclat que le givre y mettait.
Il est maintenant en vacances
Dans le jardin de mon enfance.
Maintenant devant la maison
C'est l'arbre qui change au gré des saisons.
L'abricotier de mon jardin
Fleurit tous les printemps.
Respire le bouquet du temps.
L'abricotier de mon jardin
Est une lampe d'Aladin,
Elle s'allume pour te plaire
Et t'offrir tous les ans
Un bouquet d'anniversaire
(mars 1965)
(l'abricotier est mort un an après ma mère....
N'ayant pas de photo de l'abricotier, j'ai mis les jonquilles, qu'elle aimait beaucoup aussi)
Au jour le jour!
Quel merveilleux voyage
Ferai-je autour
De la terre, dans mon nuage!
Je verrai défiler
Les paysages,
Crierai: "Quelle heure il est?"
Lorsqu'un village
Pointera vers moi son clocher.
Un vol d'oiseaux sauvages
Viendra me voir;
Je suivrai leur sillage
Et jusqu'au soir
J'écouterai leur bavardage.
S'il retombe une nuit,
Pris par l'orage,
Sur terre en lourde pluie,
Mon beau nuage
M'y fera descendre avec lui.
Au long d'un fil de soie
Je glisserai,
Comme en rêve on se voit
Sans fin sombrer
Toujours plus bas
Au fond de soi.
(vers 1965)
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